Anomia

J’ai rêvé le chaos. J’ai rêvé l’embrassement des possibles et l’embrasement du catafalque qui berce nos torpeurs dans son éternelle tombée de l’ennui.

Il y avait du feu dans le ciel, et toute la terre tremblait de rage. Il pleuvait de la pierre, et chaque goutte offrait son poids au monde comme un baiser contenant la source de toutes les extases érotiques. Des profusions de brèches perçaient l’opercule de la norme, et à travers les trous l’on percevait des choses que les livres ne savent pas. Continuer la lecture de « Anomia »

L’imaginaire en lutte

Espérer ? Pourquoi faire, puisque la pensée se transforme en panneau publicitaire de plus ? Il y a à l’œuvre depuis bien trop d’année une marchandisation de nos richesses internes, une élaboration perverse de profit et d’industrialisation à partir du terreau fertile de nos imaginaires là où devraient y fleurir d’infinies prairies de possibles. En 2019, l’Agence nationale pour la gestion des déchets nucléaires (ANDRA) organisait un concours d’écriture de fiction pour, d’une manière intensément vicieuse, implanter à l’esprit créatif un prolongement utilitaire qui profiterait au règne des technologies morbides et meurtrières. Mais ce n’est qu’un exemple récent ; depuis longtemps, le capitalisme et l’armée se servent des récits pour coloniser l’avenir et le cerveau humain, pour justifier leur monde atroce jusque dans des régions où les perspectives radicalement neuves ne manquent pourtant pas. Continuer la lecture de « L’imaginaire en lutte »

Allégorie de la geôle de briques

Cette culture est comme une geôle de briques dans laquelle nous avons grandi enfermés. Nous y avons passé notre vie entière, et du monde nous ne connaissons qu’elle. Ses parois sont couvertes de peintures, de tableaux, de décors, symboles des mythes et des conditionnements dont nous sommes gavés, si habituels à nos yeux que nous n’en voyons plus les traits. Continuer la lecture de « Allégorie de la geôle de briques »

Antipoème du confinement

C’est l’heure, faut croire. L’heure creuse, l’heure fatale, fatalement vide, fatalement libre, libre car peuplée d’un silence où on trouve rien à faire, c’est l’heure du laps où on hésite, de la bulle microcosmique à l’échelle d’une décapitation capitaliste où on prend conscience de la farce, de la force du bordel, de l’emprise cataclysmique d’un travail qui aliène, qui bouffe, qui mâche, recrache, remâche, recrache dans des torrents de boue que charrient les plus grandes misères qu’on n’aperçoit qu’à la télé, bien au chaud sous sa couette, quand on décide d’avoir bonne conscience en regardant ce qui se trame en bas, dans les rues des pestiférés qui n’ont nulle part où se confiner quand les pires fantômes foulent le bitume. Continuer la lecture de « Antipoème du confinement »